16 décembre, 2006

(à suivre)



"Quand je serais grande, j'aimerais être une belle statue de pierre blanche" rêvait souvent un petit modelage de terre cuite patinée bronze, posée sur un meuble de l'entrée.
Mais, le temps passait, passait au point que son rêve avait fini par se transformer en inquiétude...
Dans le silence de la nuit, ses soupirs finirent par attirer Gepeto, qui comme chacun sait, erre pendant ses insomnies, à la recherche de la baleine où il a oublié son sonotone.

Hélas, il ne pouvait rien pour elle, sa spécialité c'était le bois pas la pierre et de toutes façons, maintenant il ne faisait plus que des tables, car la dernière fois lorsqu'il avait sculpté un pantin, son coeur avait failli le lâcher par un surcroît d'émotions...
Toutefois, il la rassura, lui rappelant que le temps ne change rien aux rêves, qu'ils se réalisent toujours quand on y croit très fort et que les petites statues de terre résistent parfaitement à l'oubli et au temps, souvent deux cents générations d'hommes et bien davantage...Et que lorsqu'on le redécouvre, c'est un grand bonheur pour tous.

Mais elle tenait à son rêve et une question revenait :"Quand se réalisera-t-il enfin ?"

(à suivre)

03 décembre, 2006

Ah , les beaux jours...


Aux beaux jours, lorsque je vois dehors sur le perron ce petit nu, qui fut la troisième pierre calcaire que j'ai travaillée, je suis surpris par la sensualité qui se dégage des lignes.
Etonné aussi que le débutant que j'étais (je le suis toujours, mais avec quelques réalisations de plus) ait pris le risque de dégager un bras complètement en creusant la pierre autour, avec une forte probabilité de casser. Ca ne s'est pas produit, la chance du débutant ; sans doute.

Son anatomie est probablement à revoir et à alléger par endroits (les fesses, par exemple) mais cette opulence va bien avec le soleil qui la caresse au moindre rayon.

29 octobre, 2006

Equilibre



Ca commence avec un petit dessin vite fait pendant l’ennui d’une réunion professionnelle. Dix jours plus tard, je découvre avec surprise dans l’Express de la semaine une caricature politique datant de 60 ans qui représente Hitler et Staline jouant les acrobates dans la même position que mon esquisse, juste inversée gauche-droite…Prémonition ? Coïncidence ?

Transformer ce gribouillage en modelage pose des problèmes techniques de réalisation, d’accrochage, d’équilibre des formes et d’harmonie des volumes.

Avec l’aide du Vélo Club de mon village, que je remercie au passage, quelques compromis par rapport aux premières idées de mise en place et quelques heureuses surprises, l’ensemble finit par tenir debout.

23 octobre, 2006

Vous prendrez bien une tasse de thé?


Faire une théière pour un débutant potier, c’est un peu comme une histoire de Miss Marple : des pièges et de fausses facilités à toutes les étapes !

Dès que l’on a donné au corps la bonne taille pour quelques cups of tea, ça commence !

Le couvercle en premier : il doit s’ajuster correctement pour ne pas tomber au moment de servir le précieux breuvage. Ni trop petit, car ça flotterait ; ni trop grand, sinon ça ne rentre pas.

Ensuite les attaches : équilibrées, réparties de manière égale de part et d’autre du couvercle et surtout dans l’axe du bec verseur qui a lui une fâcheuse tendance au strabisme. Avec une poignée, c’est encore plus sournois …

Et le bouquet c’est le bec : en plus du strabisme divergent par rapport à l’axe, il doit être proportionné pour aller avec le corps, le couvercle, les attaches et l’anse.

J’ai failli oublier : il ne doit pas goutter et tacher la nappe, verser droit avec un débit régulier et sans éclabousser.

Bref, que le tout forme un ensemble harmonieux et agréable à l’oeil, fonctionnel et utile et…soulevable d’une seule main..

Après deuxième passage au four, l’émaillage ne doit pas laisser de zones vides ou surchargée et ses couleurs doivent inciter à la sérénité pendant la cérémonie du five o’clock.

Voilà, vous avez (presque) tous les éléments pour juger la photo ci dessus.

PS : Puisque je vous ai fourni les bons critères, permettez-moi de réclamer votre indulgence.

13 octobre, 2006

Africa


Sculpture en pierre de buxy (pierre dure de Bourgogne d'une belle couleur ocre caramel) qui s'est imposée par sa forme brute de miche tronquée. Il ne restait plus qu'à faire les yeux et jouer avec un compas pour trouver un partage harmonieux des surfaces...
A noter le jeu des surfaces : polies, brutes, bouchardées et rainurées.
L'art africain, par ses formes et ses volumes m'attire. Il fascine par le mystère que chacune de ses oeuvres récèle et qui a séduit tous les grands artistes de notre siècle.
J'ignore tout de cette civilisation proche et lointaine à la fois ; toutefois, j'ai essayé modestement de lui rendre hommage.

Celles que je regrette...

"Les femmes qu'on regrette le plus sont celles qu'on n'a pas eues" disait Marcello Mastroïani dans un de ses films.

Moi, je regrette des modelages et une sculpture qui ont disparus mais dont j'ai heureusement conservé une image...

Il faut dire que découvrant la sculpture et le modelage, j'ai voulu griller les étapes...

Mais il y a des règles à respecter quand on est débutant, même si on brûle d'avancer.

De mon premier modelage qui une fois moulé aurait dû donner un chat, il ne reste strictement rien. Depuis, j'ai décidé de photographier tôt chaque oeuvrette, car on ne sait jamais.

Je vais donc commencer en beauté par la fin ou presque : voici donc l'histoire double d'un modelage encore cru (donc fragile) et d'une sculpture en siporex.

C'était la première fois que j'utilisais le béton cellulaire, appelé généralement siporex. Une fois terminée l'espèce de cariatide, je l'avais mise au bout de l'établi et j'avais commencé à travailler une nouvelle pierre...
Là j'ai réussi coup double : en travaillant cette pierrre, du tavel bleu (j'aurais dû rester au Tavel rosé !), une pierre très dure genre silex, une vraie cochonnerie et dont on ne peut rien tirer, les vibrations ont fait tomber au bout de l'établi la sculpture en siporex, laquelle a chu sur le modelage posé sur un tabouret à proximité, juste en dessous...


Résultat : rien à récupérer, mais heureusement il reste les images de l'esclave en cariatide et du modelage :

Après ce test avec le siporex, matière très tendre; trop fragile et friable (ça flotte !), j'ai compris que la facilité n'est pas la solution et qu'il vaut mieux une matière dure si on veut que cela dure quelques temps...

08 octobre, 2006

C'est le pied ! ou Quand vient la fin de l'été...

Dans les derniers jours de vacances, j'ai récupéré un bout de marbre rouge veiné, de la même carrière que celui du Trianon de Versailles, rien que ça !
Dans sa forme l'oeuvre me paraissait déjà inscrite ...
Et comme je suis partisan du moindre effort et d'aider la forme existante à émerger, hé bien, j'ai fait un ...pied.

En réalité : mon pied, car comme ça, pas de modèle avec qui prendre rendez-vous et il est toujours disponible.
Rien que des avantages si on excepte qu'il n'est pas facile de regarder son pied de face ou de profil de la distance réglementaire pour une vue objective et en proportion.

Voici donc la chose, une fois polie dans les règles de l'art, c'est à dire beaucoup de papier de verre de plus en plus fin et de la sueur en proportion.

Ce rouge griotte est splendide, n'est-ce-pas ?

Le petit dernier


Voilà le dernier modelage, une terre cuite patinée fixée sur un pavé de grès (une vraie cochonnerie à percer : ça bouffe les forêts, y compris ceux au carbure).
Je compte m'en servir comme modèle pour le réaliser en grand, disons 1 mètre de haut, à mettre dans le jardin ce printemps.

Il y a longtemps que j'avais envie de faire ce modelage : il me rappelle ma première année en école primaire : des enfants agiles le faisaient naturellement et marchaient sur les mains sur des dizaines de mètres...
J'avais l'impression déjà, que nous n'étions pas sur la même planète !
Techniquement, ce n'était pas simple de monter la figure en équilibre, de ne pas la casser ensuite jusqu'à ce qu'elle soit cuite. Enfin, à ce moment là, elle devient un peu moins fragile.

Le plaisir d'être arrivé au bout du projet et d'en avoir maîtrisé toutes les étapes méritait bien une photo, non ?